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CLXX
BIOGRAPHIE


passages qui pouvaient nuire au crédit public. Cette lettre n’était pas de Condorcet. Le duc de Nivernais veut décider son confrère et ami à l’écrire au ministre ; il résiste avec une fermeté qui paraît inexplicable. Aujourd’hui je trouve l’explication dans une lettre inédite adressée à Turgot : « Le secrétaire de l’Académie éprouvait de la répugnance à assurer de son respect un homme qu’il était fort loin de respecter. »

Condorcet avouait les fautes, les erreurs qu’il avait pu commettre, avec une loyauté, un abandon que cette courte citation fera apprécier : « Connaissez-vous, lui disait-on un jour, les circonstances qui amenèrent la rupture de Jean-Jacques et de Diderot ? — Non, répondit-il ; je sais seulement combien Diderot était un excellent homme : celui qui se brouillait avec lui avait tort. — Mais vous-même ? — J’avais tort ! »

Dans l’édition donnée par l’auteur de Mérope des Pensées de Pascal, se trouve cette note de Condorcet : « L’expression honnêtes gens a signifié, dans l’origine, les hommes qui avaient de la probité ; du temps de Pascal, elle si-