Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CLXV
DE CONDORCET.

La réserve que Condorcet s’imposait devant des étrangers faisait place, dans sa société intime, à une gaieté de bon ton, spirituelle, doucement épigrammatique. C’est alors que l’immense variété de ses connaissances se révélait sous toutes les formes. Il parlait avec une égale netteté, avec une égale précision, sur la géométrie et les formules du palais ; sur la philosophie et la généalogie des gens de cour, sur les mœurs des républiques de l’antiquité et les colifichets à la mode.

Le secrétaire de l’ancienne Académie des sciences ne descendit dans l’arène de la polémique que pour défendre ses amis contre les attaques de la médiocrité, de la haine et de l’envie. Mais son courageux dévouement ne l’entraîna point à partager les injustes préventions de ceux-là mêmes auxquels il était le plus tendrement attaché. Ce genre d’indépendance est assez rare pour que j’en cite quelques exemples.

D’Alembert, dominé à son insu par un sentiment indéfinissable de jalousie, ne rendait pas à Clairaut toute la justice désirable. Examinez, cependant, si dans deux de ses éloges, si, en