Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CLXI
DE CONDORCET.


démicien, de sa vie privée, de ses sentiments intimes, lorsque j’avais pour guides et pour garants Turgot, Voltaire, d’Alembert, Lagrange, et une femme, mademoiselle de Lespinasse, célèbre par l’étendue, la pénétration et la finesse de son esprit ?

Condorcet était d’une haute stature. L’immense volume de sa tête, ses larges épaules, son corps robuste, contrastaient avec des jambes restées toujours grêles, à cause, croyait notre confrère, de l’immobilité presque absolue que le costume de jeune fille et les inquiétudes trop vives d’une mère tendre lui avaient imposée pendant ses huit premières années.

Condorcet avait, dans le maintien, de la simplicité, et même un tant soit peu de gaucherie. Qui ne l’eût vu qu’en passant, aurait dit, Voilà un bon homme, plutôt que, Voilà un homme d’esprit. Sa qualité principale, sa qualité vraiment caractéristique était une extrême bonté. Elle se reflétait harmonieusement dans une figure belle et douce.

Condorcet passait, parmi ses demi-connaissances, pour insensible et froid. C’était une immense erreur. Jamais, peut-être, il ne dit, en