sans tristesse, de la maison de campagne où il
avait espéré passer vingt-quatre heures en sûreté.
Personne ne saura jamais les souffrances
qu’il endura pendant la journée du 6. Le 7,
un peu tard, nous voyons notre confrère, blessé
à la jambe et poussé par la faim, entrer dans
un cabaret de Clamart et demander une omelette.
Malheureusement, cet homme presque
universel ne sait pas, même à peu près, combien
un ouvrier mange d’œufs dans un de ses
repas. À la question du cabaretier, il répond
une douzaine. Ce nombre inusité excite la surprise ;
bientôt le soupçon se fait jour, se communique,
grandit. Le nouveau venu est sommé
d’exhiber ses papiers ; il n’en a pas. Pressé de
questions, il se dit charpentier ; l’état de ses
mains le dément. L’autorité municipale avertie
le fait arrêter et le dirige sur Bourg-la-Reine.
Dans la route un brave vigneron rencontre le
prisonnier ; il voit sa jambe malade, sa marche
pénible, et lui prête généreusement son cheval.
Je ne devais pas oublier la dernière marque de
sympathie qu’ait reçu notre malheureux confrère.
Le 8 avril (1794) au matin, quand le geôlier