Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CXLI
DE CONDORCET.

« Vos bontés, Madame, sont gravées dans mon cœur en traits ineffaçables. Plus j’admire votre courage, plus mon devoir d’honnête homme m’impose de ne point en abuser. La loi est positive : si on me découvrait dans votre demeure, vous auriez la même triste fin que moi ; je suis hors la loi, je ne puis plus rester. »

« La Convention, Monsieur, a le droit de mettre hors la loi : elle n’a pas le pouvoir de mettre hors de l’humanité ; vous resterez ! » Cette admirable réponse fut immédiatement suivie, au n° 21 de la rue Servandoni, de l’organisation d’un système de surveillance, dans lequel la plupart des habitants de la maison, et particulièrement l’humble portière, avaient un rôle. Madame Vernet savait imprégner de sa vertu tous ceux qui l’entouraient. À partir de ce jour, Condorcet ne faisait pas un mouvement sans être observé.

Ici vient se placer un incident qui montrera la haute intelligence de madame Vernet, sa profonde connaissance du cœur humain.

Un jour, en montant l’escalier de la chambre qu’il occupait, Condorcet fit la rencontre du citoyen Marcos, député suppléant à la Con-