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CXXXVI
BIOGRAPHIE


demandait encore notre confrère, dans son inquiète sollicitude. Il semble, en effet, impossible qu’une dame du grand monde, habituée à être servie et non à servir les autres, conquière à force de travail, de suffisantes ressources pour elle, sa jeune fille, sa sœur maladive et une vieille gouvernante. Ce qui paraissait impossible, ne tardera pas à se réaliser. Le besoin de se procurer l’image des traits de ses parents, de ses amis, n’est jamais plus vif qu’en temps de révolution. Madame de Condorcet passera ses journées à faire des portraits : tantôt dans les prisons (c’étaient les plus pressés) ; tantôt dans les silencieuses retraites que des âmes charitables procuraient à des condamnés ; tantôt, enfin, dans les salons brillants ou dans les modestes habitations des citoyens de toutes les classes qui se croyaient menacés d’un danger prochain. L’habileté de madame Condorcet rendra beaucoup moins vexatoires, beaucoup moins périlleuses, les perquisitions souvent renouvelées que des détachements de l’armée révolutionnaire iront opérer dans sa demeure d’Auteuil. Sur la demande des soldats, elle reproduira leurs traits avec le crayon ou le