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CXIII
DE CONDORCET.


n’avait rien spécifié concernant les peines qui seraient attachées aux infractions. Une pareille loi, une loi dépourvue de sanction, n’est observée dans aucun pays et tombe bientôt en désuétude. Ce fut sans doute pour rappeler son existence que le jour anniversaire de la séance où l’Assemblée constituante la vota, que le 19 juin 1792, l’Assemblée législative fit brûler à Paris une immense quantité de brevets ou diplômes de ducs, de marquis, de vidames, etc. La flamme pétillait encore au pied de la statue de Louis XIV ; le dernier aliment qu’on lui fournissait était peut-être le titre original des marquis Caritat de Condorcet, lorsqu’à la tribune nationale l’héritier de cette famille demanda qu’on étendît la même mesure à toute la France. La proposition fut adoptée à l’unanimité.

Cette proposition a été textuellement recueillie et insérée au Moniteur[1]. Elle n’est évidemment relative qu’aux titres nobiliaires. Partisan décidé de l’unité dans le pouvoir législatif, Condorcet espérait dérouter ses adversaires, ceux qui méditaient alors la création de deux

  1. Voir le discours de Condorcet du 19 juin 1792.