Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
C
BIOGRAPHIE


mandait à notre confrère : « Vous avez grand tort de m’écrire par la poste ; vous nuirez ainsi à vous et à vos amis. Ne m’écrivez donc rien, je vous en prie, que par des occasions ou par mes courriers. »

Le cabinet noir décachetant les lettres adressées à un ministre ! En faut-il davantage pour caractériser une époque ?

Pour connaître les améliorations dont la France était avide, Condorcet n’eut pas besoin, en 1789, de consulter les instructions que les membres de l’Assemblée constituante apportaient de tous les points du royaume. Son programme, parfaitement conforme d’ailleurs aux cahiers les mieux conçus des assemblées provinciales, était rédigé d’avance ; il en avait trouvé les éléments dans une étude philosophique et approfondie des droits naturels dont une société bien organisée ne doit pas, ne peut pas priver le plus humble citoyen. Les idées, les vœux, les espérances de notre confrère formaient le couronnement de la Vie de Turgot, publiée en 1786. Aujourd’hui même que la plupart des institutions réclamées par Condorcet, au nom de la raison et de l’humanité, ont été