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LXXXVIII
BIOGRAPHIE


la Harpe. Si on ne peut pas y réussir, pourquoi l’Académie ne prendrait-elle pas l’abbé, Barthélémy ? Je trouve que M. Chabanon est traité trop sévèrement. Il n’est point, quoi qu’on en dise, sans talent. On n’a pas toujours été aussi sévère. »

Peut-être de notre temps les choses se passent aussi noblement. Même dans cette supposition je n’aurais pas à regretter mes citations, car elles prouveraient que nos pères valaient autant que nous.


Condorcet se mit sur les rangs, en 1782, pour remplacer Saurin à l’Académie française ; il ne l’emporta sur Bailly, son concurrent, que d’une seule voix.

« C’est une des plus grandes batailles que d’Alembert ait gagnées contre Buffon, » mandait Grimm à son correspondant d’outre-Rhin. Je lis ailleurs que, ce jour-là, on fit assaut de finesse à l’Académie comme dans un conclave. La Harpe ne donnait pas une moindre idée du zèle dévorant qu’on avait montré de part et d’autre, quand il rapportait qu’à l’issue du scrutin, d’Alembert s’était écrié en pleine Acadé-