Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome I.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

broyées enſemble ; elles ſe réuniſſent, & ſe mêlent ſi bien, qu’aucune d’elles ne reſte ce qu’elle étoit ; & de pluſieurs il n’en réſulte qu’une ſeule.

Si notre Statue ſent deux odeurs au premier moment de ſon exiſtence, elle ne jugera donc pas qu’elle eſt tout-à-la-foisde deux manieres. Mais ſuppoſons qu’ayant appris à les connoître ſéparément, elle les ſente enſemble, les reconnoîtra-t-elle ? Cela ne me paroît pas vraiſemblable. Car ignorant qu’elles lui viennent de deux corps différens, rien ne peut lui faire ſoupçonner que la Senſation qu’elle éprouve, eſt