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Enfin, ſi le beſoin a pour cauſe une de ces Senſations, qu’elle s’eſt accoutumée à juger indifférentes : elle vit d’abord ſans reſſentir ni peine ni plaiſir. Mais cet état comparé aux ſituations heureuſes où elle s’eſt trouvée, lui devient bientôt déſagréable, & la peine qu’elle ſouffre, eſt ce que nous appellons ennui. Cependant l’ennui dure, il augmente, il eſt inſupportable, & il détermine avec force toutes les facultés vers le bonheur dont elle ſent la perte. Cet ennui peut être auſſi accablant que la douleur : auquel cas, elle n’a d’autre intérêt que de s’y ſouſtraire ; & elle ſe porte ſans