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ce que nous apprenons, il faut déjà ſavoir quelque choſe : il faut s’être ſenti avec quelques idées, pour obſerver qu’on ſe ſent avec des idées qu’on n’avoit pas. Cette mémoire réfléchie, qui nous rend aujourd’hui ſi ſenſible le paſſage d’une connoiſſance à une autre, ne ſauroit donc remonter juſqu’aux premieres : elle les ſuppoſe au contraire, & c’eſt là l’origine de ce penchant que nous avons à les croire nées avec nous. Dire que nous avons appris à voir, à entendre, à goûter, à ſentir, à toucher, paroît le paradoxe le plus étrange. Il ſemble que la nature nous a donné l’en-