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Pour notre peuplade, fixée dans les champs qu’elle cultive, le blé est une chose de première nécessité, parce qu’il lui est nécessaire en conséquence de la constitution d’une société qui ne subsisteroit pas sans ce secours. Il faut au contraire mettre, parmi les choses de seconde nécessité, toutes celles dont elle pourroit manquer, sans cesser d’être une société fixée et agricole.

Observons-la lorsqu’elle se borne aux choses de première nécessité. C’est l’état où, sans être pauvre, elle a le moins de richesses. Je dis, sans être pauvre, parce que la pauvreté n’a lieu qu’autant qu’on manque du nécessaire ; et ce n’est pas être pauvre que de manquer d’une espèce de richesses dont on ne s’est pas fait un besoin, et qu’on ne connoît même pas.

Elle n’est donc pas dans un état de pauvreté ; elle est plutôt dans un état de manquement. Qu’on me permette ce mot : celui de privation ne rendroit pas