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Le surabondant des colons, voilà ce qui fournit tout le fonds au commerce. Ce surabondant est richesse tant qu’ils trouvent à l’échanger, parce qu’ils se procurent une chose qui a une valeur pour eux, et qu’ils en livrent une qui a une valeur pour d’autres.

S’ils ne pouvoient point faire d’échanges, leur surabondant leur resteroit, et seroit pour eux sans valeur. En effet, le blé surabondant que je garde dans mes greniers, sans pouvoir l’échanger, n’est pas plus richesse pour moi que le blé que je n’ai pas encore tiré de la terre. Aussi semerai-je moins l’année prochaine, et, pour avoir une moindre récolte, je n’en serai pas plus pauvre. Or les commerçans sont les canaux de communication par où le surabondant s’écoule. Des lieux où il n’a point de valeur, il passe dans les lieux où il en prend une ; et, par-tout où il se dépose, il devient richesse.