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pour la payer, et disoit : Cependant on est bienheureux d’avoir une terre pour cela. Il y a, dans cette naïveté, un raisonnement bien juste. On voit qu’elle attachoit peu de valeur à l’argent qu’elle conservoit dans son coffre ; et que, par conséquent, elle donnoit une valeur moindre pour une plus grande. D’un autre côté, celui qui vendoit la terre étoit dans le même cas, et il disoit : Je l’ai bien vendue. En effet, il l’avoit vendue au denier trente ou trente-cinq. Il comptoit donc avoir aussi donné moins pour plus. Voilà où en sont tous ceux qui font des échanges.

En effet, si on échangeoit toujours valeur égale pour valeur égale, il n’y auroit de gain à faire pour aucun des contractans. Or tous deux en font, ou en doivent faire. Pourquoi ? C’est que, les choses n’ayant qu’une valeur relative à nos besoins, ce qui est plus pour l’un est moins pour l’autre, et réciproquement.