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il ne sauroit changer sa condition que bien difficilement.

Ces sortes d’artisans ont peu de spéculations à faire : il leur suffit, pour subsister, de se conduire comme on se conduisoit avant eux. Mais ceux qui étudient les goûts des riches, ceux sur-tout qui veulent en faire naître de nouveaux, les artisans des choses de luxe, en un mot, s’ils peuvent se promettre de plus grands profits, ont aussi plus de choses à considérer. Les matières premières, sur lesquelles ils travaillent, étant ordinairement plus rares, en sont à plus haut prix ; et elles renchérissent de plus en plus, à proportion que leurs ouvrages ont plus de vogue. Alors il faut qu’ils se bornent à de moindres profits : un trop haut prix pourroit dégoûter ceux qui les font travailler.

La mode, naturellement inconstante, ne leur assure rien ; et cependant c’est sur cette base qu’ils fondent toutes leurs spéculations.