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les goûts changeants de la multitude, et qu’il fît encore entrer en considération les tentatives que font les autres cultivateurs. Dans l’impuissance de calculer toutes ces choses, les fermiers donnent souvent au hasard. Ils gagnent, ils perdent : mais tous contribuent aux progrès de l’agriculture, les uns par leurs fautes, les autres par leurs succès ; et à la fin il s’établit, dans chaque pays, une maniere de cultiver, qui souvent pourroit être perfectionnée à bien des égards, mais dont la bonté paroît en général confirmée par l’expérience. Alors le cultivateur se conforme à l’usage, et spécule tous les jours moins. L’artisan fait aussi des spéculations. Elles portent sur le prix courant des matières premières, sur le salaire que la coutume lui arroge, sur le goût du public pour certains ouvrages, et sur le nombre de ceux qui travaillent concurremment dans le même genre. Les