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étoient uniques, elle eût été bornée à faire le commerce de l’Inde. Les phéniciens éclairés ne l’ignoroient pas. Ils ne comptoient point sur la durée d’une compagnie qui étoit tout à la fois militaire et marchande ; et ils jugeoient avec raison qu’il eût été plus avantageux à leur république de laisser une entière liberté au commerce, et de partager même celui des épiceries avec les nations étrangères.

Cependant l’exemple d’une compagnie exclusive chez les phéniciens étoit à Troie un grand argument pour protéger la compagnie de l’Inde. Comment, disoit-on, cette compagnie seroit-elle contraire à la liberté et au commerce, puisqu’il s’en établit de semblables chez les peuples libres et commerçants ? Mais si ceux qui faisoient cette objection prévoyoient la réponse, ils étoient de mauvaise foi ; et s’ils ne la prévoyoient pas, ils étoient bien ignorants. De pareils raisonnements