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Mais ces négociants s’enrichissoient aux dépens de l’état n’ayant plus de concurrens, lorsqu’ils vendoient et lorsqu’ils achetoient, ils mettoient seuls le prix aux choses. Ils retranchoient tous les jours sur le salaire de l’artisan et du laboureur, et ils vendoient cher tout ce qu’ils apportoient de l’étranger.

Jaloux les uns des autres, les peuples ne devoient pas se borner à se fermer leurs ports, et à s’interdire mutuellement le commerce, dans l’espérance de le faire chacun exclusivement. On devoit encore armer, et on arma. Dans des guerres funestes à tous, on s’applaudissoit alternativement des coups qu’on croyoit se porter, et qu’on ne portoit que sur le commerce pour le ruiner par-tout également. De grandes armées sur terre, de grandes flottes sur mer mettoient dans la nécessité d’arracher de force à la charrue et aux manufactures une partie des citoyens, et de charger d’impôts l’autre partie.