Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/548

Cette page n’a pas encore été corrigée

chez l’étranger notre argent et nos productions, pour y faire subsister des artisans, qui, en consommant chez nous, augmenteroient notre population et nos richesses ?

Tous les peuples songeoient donc aux moyens d’établir chacun chez eux les mêmes manufactures. Mais les nations marchandes excitoient sur-tout la jalousie. Ces nations, pauvres par leur sol, s’enrichissoient, se peuploient, et sembloient devoir à l’aveuglement des autres, leurs richesses et leur population. Pourquoi leur laisser faire, presqu’à elles seules, tout le trafic, disoient les peuples jaloux ? Souffrirons-nous encore long-temps qu’elles fassent sur nous des profits que nous pourrions faire nous-mêmes ? C’est nous qui les faisons subsister ; c’est nous qui les enrichissons. Fermons-leur nos ports, elles tomberont dans la misère, et bientôt elles ne seront plus.

Ces réflexions ne sont pas aussi solides qu’elles le paroissent. L’auteur de