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font dans une capitale, y viennent en foule pour y mendier ? Avec du talent même plusieurs sont réduits à la misère, parce qu’il leur est impossible de travailler concurremment avec ceux qui ont commencé avant eux, et qui ont la vogue. Ne sait-on pas que les gens riches, sans savoir pourquoi, vont, à la suite les uns des autres, aux mêmes boutiques, et qu’un artisan, habile ou heureux, fait presque exclusivement son métier ? Ignore-t-on qu’en fait de luxe, le nom de l’ouvrier n’est pas indifférent ?

Le luxe gagne insensiblement toutes les conditions ; et si on n’est pas riche, on veut le paroître. Alors pour dépenser en choses de luxe, on se retranche sur les choses de nécessité. On ôte donc le travail aux artisans les plus utiles, et par conséquent on leur ôte le pain. D’ailleurs, si dans un temps où les richesses sont réparties avec trop d’inégalité, un petit nombre d’hommes opulents