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augmenteroient le nombre des consommateurs, et ils contribueroient à répartir les richesses avec moins d’inégalité. Ces considérations faisoient desirer qu’on établît les manufactures dans les provinces ; mais ce projet n’étoit bon que dans la spéculation. Il importe peu aux artisans que leurs ouvrages soient chers, pourvu qu’ils soient assurés de les vendre. Or où les vendront-ils mieux que dans une ville de luxe, où, sans jamais apprécier les choses, on ne les estime qu’autant qu’elles sont à haut prix ? Où seront-ils plus à portée de faire valoir leurs talents, soit qu’ils traitent avec des particuliers auxquels ils vendront eux-mêmes leurs ouvrages, soit qu’ils traitent avec des négocians qui leur offrirent à l’envi de plus forts salaires ? Du fond des provinces leur seroit-il possible de tirer avantage des caprices du public, de lui en donner, et de se faire un produit sur des modes qui ne font que passer ?