Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/528

Cette page n’a pas encore été corrigée

réputation, s’engager dans ce commerce : il falloit l’abandonner à ces ames viles, qui comptent l’argent pour tout et l’honneur pour rien.

C’est la conduite du gouvernement, qui avoit produit ces préjugés. Ils avoient si fort prévalu, que souvent, avec de l’honnêteté et avec ce qu’on appelle esprit, on ne s’en garantissoit pas. Il faut respecter sans doute les droits de propriété, disoient des personnes qu’on ne pouvoit pas soupçonner de mauvaise intention ; mais nous réclamons pour le peuple les droits d’humanité. De là elles concluoient que le gouvernement peut, doit même régler le prix du bled, et forcer les marchands à le livrer au taux qu’il y a mis. Des droits d’humanité opposés à des droits de propriété ! Quel jargon ! Il étoit donc arrêté qu’on diroit les choses les plus absurdes pour combattre les opérations du nouveau ministre. Mais vous,