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demandoit au gouvernement d’en faire baisser le prix. Il n’y avoit que deux moyens de le satisfaire. Il falloit que le gouvernement achetât lui-même des bleds pour les revendre à perte, ou qu’il forçât les marchands à livrer les leurs au prix qu’il avoit taxé.

De ces deux moyens, le premier tendoit à ruiner l’état ; le second étoit injuste et odieux ; et tous deux accoutumoient le peuple à penser que c’étoit au gouvernement à lui procurer le pain à bon marché, quoiqu’il en coûtât, soit de l’argent, soit des injustices.

De-là un autre préjugé, plus contraire encore, s’il est possible, au commerce des grains. C’est que le peuple, qui croyoit les violences justes, parce qu’on les faisoit pour lui, regardoit les marchands de bleds comme des hommes avides qui abusoient de ses besoins. Cette opinion une fois établie, on ne pouvoit plus, si on étoit jaloux de sa