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Le nouveau ministre, qui vouloit le bien, et à qui ses ennemis mêmes reconnoissoient des lumières, prit toutes les précautions que la prudence lui avoit suggérées. Mais il y avoit une chose qui ne dépendoit pas de lui : c’est le temps, et il en falloit.

En traitant de la circulation des grains, nous avons vu qu’elle ne peut se faire que par une multitude de marchands, répandus de toutes parts. Ces marchands sont autant de canaux, par où les grains circulent. Or, tous ces canaux avoient été brisés, et c’étoit au temps à les réparer.

En effet, pour réussir dans quelque espèce de commerce que ce soit, il ne suffit pas d’avoir la liberté de le faire ; il faut, comme nous l’avons remarqué, avoir acquis des connoissances, et ces connoissances ne peuvent être que le fruit de l’expérience, qui est toujours lente. Il faut encore avoir des fonds, des magasins, des voituriers, des commissionnaires, des correspondants :