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acheté, il falloit encore donner de l’argent pour empêcher qu’il ne fût vendu à d’autres. Peu de personnes pouvoient donc jouir de ce privilège. Aussi les monopoleurs, en trop petit nombre, ne faisoient-ils pas un trafic assez grand pour fournir aux besoins de toutes les provinces. Mais il ne leur importoit pas de faire un grand trafic : il leur importoit seulement de faire un gros bénéfice.

Ce bénéfice leur étoit assuré, s’ils achetoient bon marché, et s’ils vendoient cher. Pour payer les propriétaires, l’impôt et la culture à faire, les petits fermiers sont obligés de vendre de bonne heure dès le mois de septembre, octobre ou novembre. Alors donc le prix des grains baisse par l’affluence des vendeurs. Voilà le temps que prennent les monopoleurs pour remplir leurs magasins ; et ils font la loi aux fermiers qui ne peuvent vendre qu’à eux.