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d’abandonner par intervalles la culture de ses champs. Il auroit pu vendre ses bleds à son voisin ; mais celui-ci étoit obligé de les aller acheter au marché. On les forçoit donc tous deux à des frais qu’on auroit pu leur éviter.

Vouloit-il, avec ses bleds, payer une dette ou le salaire de ses journaliers, on l’accusoit d’avoir vendu ailleurs qu’au marché. On le traitoit avec la même injustice, s’il avançoit des bleds à un laboureur qui n’en avoit pas pour ensemencer. Cette action généreuse, dans le langage des préposés à la police des grains, étoit une vente simulée, une fraude.

La liberté même qu’on accordoit aux marchands, étoit restreinte. Ils avoient besoin d’une permission pour former une société, c’est-à-dire, pour se concerter sur les moyens d’approvisionner l’état. Sans cette permission, c’étoit à chacun d’eux de faire ce commerce séparément, et comme ils pourroient.