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pleine et entière ; et qu’en conséquence, les marchands s’étant multipliés en raison du besoin, la circulation s’en faisoit sans obstacles, et les mettoit par-tout à leur vrai prix. Les choses en étoient là, lorsque, dans une de nos monarchies, on demanda lequel pouvoit être plus avantageux de permettre l’exportation et l’importation des grains, ou de les défendre l’une et l’autre ; et bientôt on se décida pour la prohibition. Ce n’est pas qu’on eût remarqué des inconvénients dans la liberté. Mais si, pour l’ordinaire, ceux qui gouvernent laissent aller les choses comme elles alloient avant eux, il arrive aussi quelquefois qu’ils innovent pour le plaisir d’innover. Ils veulent que leur ministère fasse époque. Alors ils changent sous prétexte de corriger, et le désordre commence. Nos terres, disoient-ils, produisent, années communes, autant que nous consommons. Nos bleds, par conséquent,