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s’apperçurent que, sans altérer les monnoies, ils avoient un moyen plus simple d’en hausser ou d’en baisser la valeur. Ce fut de déclarer que ce qui valoit, par exemple, six livres, en vaudroit huit désormais, ou n’en vaudroit plus que cinq. Ainsi les pieces de monnoie, qui étoient dans le commerce, valoient, avec la même quantité d’argent, plus ou moins suivant qu’ils le jugeoient à propos. Cette opération est si absurde, que si c’étoit une supposition de ma part, on diroit qu’elle n’est pas vraisemblable. Comment voulez-vous, m’objecteroit-on, qu’il vienne dans l’esprit du souverain de persuader au public, que six est huit ou n’est que cinq ? Quel avantage retireroit-il de cette fraude grossière ? Ne retomberoit-elle pas sur lui-même ? Et ne le paiera-t-on pas avec la même monnoie, avec laquelle il paie ? Les monarques cependant ont regardé ces