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fît exclusivement par des compagnies. Il s’en formoit tous les jours : des protecteurs sollicitoient pour elles, souvent avec succès. Ils vendoient leur crédit, et ils ne s’en cachoient pas. Chacun croyoit pouvoir se permettre ce qu’il voyoit faire. C’étoit le monopole des grands.

Ces compagnies avoient toujours pour prétexte le bien de l’état ; et elles ne manquoient pas de faire voir, dans les privilèges qu’on leur accorderoit, de grands avantages pour le commerce même. Elles réussirent sur-tout, lorsqu’elles proposèrent d’établir de nouvelles manufactures.

Il est certain que de nouvelles manufactures méritent d’être privilégiées, c’est-à-dire, multipliées ; et plus elles peuvent être utiles, plus il faut récompenser ceux à qui on les doit. Mais on accorda des privilèges exclusifs, et aussitôt le luxe sortit de ces manufactures. Les ouvrages, qui s’y vendoient,