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s’assurer si tous les sujets avoient acheté la quantité imposée ! Combien de vexations ! Combien de frais en contraintes, saisies, amendes, confiscations ! En un mot, combien de familles réduites à la mendicité !

Voilà le désordre que produisoit cette compagnie privilégiée et exclusive. Cependant elle ne rendoit pas au roi la moitié de ce qu’elle enlevoit aux citoyens. La plus grande partie de l’autre moitié se consommoit en frais. Le reste se partageoit entre les traitans : et s’ils n’avoient pas assez de bénéfice, comme en effet ils ne s’en trouvoient jamais assez ; on leur accordoit ordonnance sur ordonnance, pour donner tous les jours plus d’étendue à leurs privilèges ; c’est-à-dire, pour les autoriser à vexer le peuple de plus en plus.

Le bénéfice de ce monopole, lorsqu’une fois il fut connu, répandit un esprit d’avidité et de rapine. On eût dit qu’il falloit que chaque branche de commerce se