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d’après ce que nous venons de démontrer, que ces corps ôtent l’aisance à plusieurs citoyens, en réduisent d’autres à la mendicité, font tout renchérir, et portent dommage à l’agriculture, comme au commerce.

Cependant, lorsqu’on se fut accoutumé à regarder, dans un corps nombreux, le monopole comme une chose dans l’ordre, il fut naturel de le regarder encore comme dans l’ordre, lorsqu’il se trouveroit dans des corps moins nombreux. Un abus, qui est passé en usage, devient règle ; et parce qu’on [p54] a d’abord mal jugé, on continue de juger mal. Il étoit facile de prévoir que les bénéfices, en vertu d’un privilège, grands pour chaque membre dans un corps nombreux, seroient plus grands à proportion qu’on diminueroit le nombre des membres. Il ne s’agissoit donc plus que d’établir ce nouveau monopole, et on y trouva peu d’obstacles. Le sel,