Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée

on n’auroit plus de quoi payer, et on est condamné à mendier.

Lorsque, dans nos cités, les professions étoient libres, les artisans se trouvoient en quelque sorte répandus par-tout. Les laboureurs, dans les moments qu’ils ne donnoient pas à la culture, pouvoient travailler à quelque art mécanique. Ils pouvoient donner de l’occupation à des enfants qui n’étoient pas encore assez forts pour les travaux de la campagne, et ils employoient à la culture les profits qu’ils avoient faits. Cette ressource leur fut enlevée, lorsqu’on eut mis tous les métiers en corps de maîtrise.

Les maîtrises et les communautés enlèvent donc l’aisance aux habitans de la campagne : elles réduisent à la mendicité les citoyens industrieux, qui n’ont pas de quoi payer un apprentissage : elles forcent à payer cher un maître pour apprendre de lui ce qu’on pourroit souvent apprendre beaucoup mieux