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mœurs, il faudroit donc transporter chez eux des productions étrangères à leur sol, ou des commodités étrangères à leurs arts.

Mais non-seulement ils ont les mêmes mœurs : je dis encore que leurs mœurs sont simples, et ne peuvent être que simples. C’est qu’il leur est impossible de connoître le luxe.

Nous avons vu que le luxe consiste dans ces jouissances qui sont le partage d’un petit nombre à l’exclusion du plus grand ; que ces jouissances n’ont lieu, qu’autant qu’on dédaigne les choses communes, pour rechercher les choses rares et d’un grand prix ; et qu’enfin les choses ne sont rares et d’un grand prix, que parce qu’elles viennent d’un pays éloigné, ou parce qu’elles sont travaillées avec beaucoup d’art.

Or, d’après nos suppositions, aucune rareté étrangère ne peut arriver chez les peuples que nous observons. Il ne sera pas plus en leur pouvoir de se procurer des ouvrages, auxquels un