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de commercer entre eux et ils se priveront à l’envi de tout bénéfice.

Voilà l’effet des prohibitions. Qui néanmoins oseroit assurer que l’Europe ouvrira les yeux ! Je le desire : mais je connois la force des préjugés, et je ne l’espère pas.

En effet le commerce n’est pas pour l’Europe un échange de travaux dans lequel toutes les nations trouveroient chacune leur avantage : c’est un état de guerre où elles ne songent qu’à se dépouiller mutuellement. Elles pensent encore comme dans ces temps barbares, où les peuples ne savoient s’enrichir que des dépouilles de leurs voisins. Toujours rivales, elles ne travaillent qu’à se nuire mutuellement. Il n’y en a point qui ne voulût anéantir toutes les autres ; et aucune ne songe aux moyens d’accroître sa puissance réelle.

On demande quel seroit l’avantage ou le désavantage d’une nation, de la France, par exemple, si elle donnoit la première à l’exportation et à l’importation