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tels que ceux que j’ ai supposés : la première idée qui s’offrira à eux seroit-elle de dire : Il faut que ceux qui n’ont rien contribuent aux dépenses publiques comme ceux qui ont quelque chose ; ou autrement, il faut que ceux qui n’ont que des bras et de l’industrie pour tout avoir, contribuent aux dépenses publiques avec un argent qu’ils n’ont pas. Or la classe salariée ne gagnant que l’argent nécessaire à sa subsistance, mettre un impôt sur elle, c’est vouloir qu’elle paie avec un argent qu’elle n’a pas.

Les impôts sur l’industrie nous paroissent raisonnables et justes, parce que, sans avoir approfondi les choses, sans même y avoir pensé, nous les jugeons raisonnables et justes toutes les fois qu’elles sont dans l’ordre que nous trouvons établi. Cependant cet ordre n’est souvent qu’un abus. Notre conduite le prouve, lors même que nous n’en voulons pas convenir.

En effet, si nous allons chez des marchands sur