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d’une partie de l’or et de l’argent que l’Amérique lui fournissoit en trop grande abondance. Mais les choses de luxe, qu’elle tire des Indes, lui coûtent en échange des millions d’hommes. Combien n’en périt-il pas dans le trajet ! Combien dans des climats mal-sains, où elle est obligée d’avoir des entrepôts ! Combien dans les guerres avec les Indiens ! Combien enfin dans les guerres que ce commerce suscite entre les nations rivales ! Je croirai ce luxe avantageux pour l’Europe lorsqu’il sera prouvé qu’elle a une surabondance de population.

Quant aux choses de luxe qui viennent de notre sol et de notre industrie, elles peuvent avoir quelque utilité ; mais elles ne sont pas sans abus.

Lorsque, dans la primeur, un homme riche achète cent écus un litron de petits pois, c’est un luxe, tout le monde en convient. Mais il seroit à souhaiter que tous les excès des hommes