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Cette grande population ne prouve donc rien en faveur du gouvernement : elle prouve seulement que les terres ont une grande fertilité, et qu’elles sont cultivées par des hommes laborieux qui ont peu de besoins.

Les terres seront en valeur par-tout où l’agriculture jouira d’une entière liberté ; et alors la population, en proportion avec les consommations, sera aussi grande qu’elle peut l’être. Voilà la prospérité de l’État.

On pourroit demander s’il est plus avantageux pour un royaume d’avoir un million d’habitans qui subsistent, l’un portant l’autre, du produit de dix arpens par tête, ou dix millions qui subsistent chacun du produit d’un seul arpent. Il est évident que cette question reviendroit à celle-ci : Est-il plus avantageux pour un royaume que ses habitans aient le moins de besoins possibles, ou qu’ils en aient beaucoup ? ou encore : est-il plus avantageux pour un royaume que ses habitans restent