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augmentent comme les besoins, il ne peut plus y avoir autant de familles, et elles ne sauroient être aussi nombreuses.

En effet, chaque homme veut pouvoir entretenir sa famille dans l’aisance dont l’habitude fait un besoin à tous ceux de son état. Si un laboureur juge qu’il faut à cet entretien le produit de deux ou trois arpens, il ne songera à se marier que lorsqu’il pourra disposer de ce produit. Il sera donc forcé d’attendre. Si ce moment n’arrive pas, il renoncera au mariage, et il n’aura point d’enfans. Si ce moment arrive tard, il ne se mariera que lorsqu’il sera avancé en âge, et il ne pourra plus avoir une famille nombreuse. Il y en aura sans doute quelques-uns qui se marieront sans penser à l’avenir. Mais la misère où ils tomberont sera une leçon pour les autres ; et leurs enfans périront faute de subsistance, ou ne laisseront point de postérité. On peut