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Au lieu de songer à mettre la cherté dans un pays abondant en grains, et où, par conséquent, elle ne pourra passe maintenir, un négociant a un moyen plus simple et plus sûr pour faire le commerce de ses blés avec avantage : c’est de les envoyer partout où la cherté est une suite naturelle de la disette. Qu’il ait les yeux ouverts sur toute l’Europe, qu’il soit toujours prêt à faire des envois : s’il est bien informé de l’état des récoltes, ou seulement de l’opinion qu’on en a chez chaque nation, il pourra d’avance prévoir dans quels lieux les prix hausseront, et prendre ses mesures pour y faire ses envois à propos.

C’est ainsi, lorsque le commerce est parfaitement libre, qu’une multitude de marchands veillent sur les besoins de tous les peuples. Reposons-nous-en donc sur l’intérêt qu’ils ont à ne pas nous laisser manquer de blé : laissons-les faire, et nous n’en manquerons