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Lorsque, n’ayant pas de quoi attendre une seconde récolte, on n’a du blé, par exemple, que pour neuf mois, on est menacé d’en manquer, s’il n’en arrive pas ; et il renchérit d’autant plus qu’on espère moins d’en voir arriver. Ce renchérissement, qui le fait hausser au-dessus du vrai prix, devient cherté. On crie donc à la disette, non qu’on manque totalement de blé, mais parce qu’on est menacé d’en manquer, et que ceux qui ne peuvent pas le payer au prix où il est en manquent déjà.

Cette disette réelle, si en effet il n’y a pas assez de blé, n’est qu’une disette d’opinion, lorsque le blé, qui ne manque pas dans les greniers, manque seulement dans les marchés. C’est