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Dans le commerce des superfluités, le prix n’est point permanent : il ne peut l’être, il varie comme les modes. Aujourd’hui un artiste est en vogue, demain un autre. Bientôt, au lieu d’un concurrent, il en a plusieurs. Réduit donc à se borner à de moindres salaires, il vendra à bas prix ce qu’il vendoit auparavant à prix haut. Nous avons vu à deux ou trois louis des tabatières de carton, qui sont aujourd’hui à vingt-quatre sous. Malgré cette variation, elles ont toujours été à leur vrai prix. C’est que le prix des choses de fantaisie ne peut se fixer, et qu’il peut être très-haut en comparaison de celui des choses de nécessité.

Puisque, dans le commerce, le vrai prix est un prix permanent, il est évident qu’il ne peut subsister avec le monopole, qui le feroit hausser brusquement coup sur coup. Mais, si celui qui vend seul fait hausser les prix, il suffira, pour les faire baisser, de multiplier les vendeurs.