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à votre gré. Plus donc votre fantaisie sera grande, plus le peintre sera en droit d’exiger de vous un fort salaire. Votre portrait vous coûtât-il mille louis, il ne sera pas cher, c’est-à-dire, au-dessus du vrai prix.

Il ne faut pas raisonner sur les jouissances qu’on se procure par fantaisie, par caprice, par mode, comme sur les jouissances qui sont d’une nécessité absolue. Si vous étiez seul marchand de blé, et que vous me le fissiez payer cent francs le septier, vous ne pourriez pas dire que vous me l’avez vendu d’après une convention passée librement entre vous et moi : il seroit évident que j’ai été forcé par le besoin, et que vous avez cruellement abusé de ma situation. Voilà le monopole qui devient odieux, parce qu’il est injuste.

Dans le commerce des nécessaires, le prix, lorsqu’il est le vrai, est permanent ; et c’est à cela, comme nous l’avons remarqué, qu’il se reconnoît.