Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

la récolte sera moindre, et elle se réduira à bien peu de chose si l’année est mauvaise.

Le surabondant de la récolte précédente y suppléera, dira-t-on. Je réponds que, si le cultivateur avoit pu le vendre à l’étranger, il auroit retiré un plus grand bénéfice de la vente de ses blés, parce qu’il les auroit vendus à meilleur prix et en plus grande quantité. Il auroit été en état d’ensemencer plus de terres, il y auroit trouvé son intérêt, et la récolte eût été plus abondante.

Il n’a pu conserver le surabondant de son blé sans frais et sans déchet ; et c’est sans frais et sans déchet qu’il eût conservé l’argent qu’il en auroit retiré. Il seroit donc plus riche, avec cet argent, qu’il ne l’est avec le surabondant qui lui reste. Le moyen le plus sûr et le moins dispendieux de garder le blé, c’est de le garder en argent : car c’est garder le blé que de garder l’argent avec lequel on peut