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grande pour l’élever à un prix excessif. J’ai même peine à croire qu’il pût varier de dix-huit à trente : car ces termes me paroissent bien distans.

Au contraire, lorsque les nations de l’Europe s’interdisent mutuellement le commerce par des prohibitions expresses, ou par des droits équivalens, on conçoit que le prix du blé doit, tour-à-tour, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre, varier au point qu’il sera impossible d’assigner un terme au plus haut prix et au plus bas. Le même peuple verra tout-à-coup descendre le blé à dix livres, ou monter à cinquante. Arrêtons-nous sur les suites funestes de ces variations.

Lorsque le blé est à dix livres, le cultivateur en vend plus que lorsqu’il est à cinquante, parce qu’on en consomme davantage. Mais il n’est à dix livres que parce qu’il en a beaucoup plus qu’il n’en peut vendre, et ce plus est pour lui une non-valeur. Cependant