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prix courant, comme le blé en a un dans les marchés. On traite publiquement, ou du moins on ne se cache point, et on vend son argent comme on vendroit toute autre marchandise.

C’est uniquement dans ces places de commerce qu’on peut apprendre quel intérêt il est permis de retirer de son argent. Tout prêt qui s’y conforme est honnête, parce qu’il est dans la règle.

Si actuellement on demande ce que c’est que l’usure, je dis qu’il n’y en a point dans les prêts dont je viens de parler, et qui se règlent sur le prix que les négocians ont mis eux-mêmes à l’argent, et ont mis librement.

Mais les prêts, faits aux revendeuses des halles, sont usuraires, parce qu’ils sont sans règles, clandestins, et que l’avarice du prêteur se prévaut tyranniquement de la nécessité de l’emprunteur.