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qu’elles vendent dans les rues ; mais le peuple aime mieux acheter d’elles que d’aller aux halles se pourvoir.

Cet intérêt revient par an à plus de quatre cent trente pour cent. Quelque exorbitant qu’il soit, le gouvernement le tolère, parce qu’il est avantageux, pour les revendeuses, de pouvoir à ce prix faire leur commerce, ou peut-être encore parce qu’il ne peut pas l’empêcher.

Cependant il n’y a point de proportion entre le prix que le prêteur met à son argent, et le profit que fait la revendeuse. C’est pourquoi cet intérêt est odieux, et il devient d’autant plus abusif, que les prêts se font clandestinement.

Il n’est pas de même des prêts faits aux entrepreneurs qui font un grand négoce. L’intérêt qu’on exige, proportionné aux profits qu’ils font, est réglé par l’usage ; parce que l’argent, dans les places de commerce, a un