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pour lever un fonds de boutique, gagne, au-delà de sa subsistance, de quoi payer les intérêts qu’il doit. S’il a formé une grande entreprise, et qu’il la conduise avec industrie, sa dépense, pour son entretien, sera peu de chose, comparée aux profits qu’il peut faire. Il sera donc plus en état de payer : on courra donc moins de risques à lui prêter ; on lui prêtera donc avec plus de confiance, et par conséquent à moindres intérêts.

Mais si, avec un commerce qui produit peu, il gagne à peine de quoi subsister, alors ce qu’il faut à sa subsistance est beaucoup, comparé à ce qu’il gagne. Il n’y a donc plus la même sûreté à lui prêter. Or il est naturel que l’intérêt qu’exigent les prêteurs augmente à proportion que leur confiance diminue.

À Paris, les revendeuses des halles paient cinq sols d’intérêt par semaine, pour un écu de trois livres. Cet intérêt renchérit le poisson