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de lieu, dans le prêt ou l’emprunt n’échange-t-on pas des sommes qui sont à distance de temps ? Et, parce que ces distances ne sont pas de la même espèce, faut-il en conclure que l’échange dans un cas n’est pas un échange dans l’autre ? On ne voit donc pas que prêter à intérêt, c’est vendre ; qu’emprunter à intérêt, c’est acheter ; que l’argent qu’on prête, est la marchandise qui se vend ; que l’argent qu’on doit rendre, est le prix qui se paie ; et que l’intérêt est le bénéfice dû au vendeur ? Certainement, si on n’avoit vu dans le prêt à intérêt que marchandise, vente et bénéfice, on ne l’auroit pas condamné : mais on n’y a vu que les mots prêt, intérêt, argent ; et, sans trop se rendre compte de ce qu’ils signifient, on a jugé qu’ils ne doivent pas aller ensemble.

L’intérêt à dix pour cent n’est qu’une supposition que je fais, parce que j’avois besoin d’en faire une. Il peut être plus