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l’autre avec ce que nous avons, et nous ne ferions point d’échange. Quand nous en faisons, nous jugeons donc vous et moi que nous recevons chacun plus que nous ne donnons, ou que nous donnons moins pour plus.

Rappelons-nous le temps où les Européens commençoient à commercer en Amérique, et où, pour des choses auxquelles nous attachons peu de valeur, ils en recevoient d’autres auxquelles nous attachons la plus grande.

On conviendra que, suivant notre façon de penser, ils donnoient moins pour plus, lorsqu’ils donnoient un couteau, une épée ou un miroir pour un lingot d’argent, ou pour un lingot d’or. Mais on ne pourra pas disconvenir que l’Américain ne donnât aussi moins pour plus, lorsqu’il donnoit, par exemple, un lingot d’or pour un couteau : car il donnoit une chose à laquelle, dans son pays, on n’attachoit point de valeur, parce qu’elle y étoit inutile, pour une chose